« Smart », le groupe de parole smartphone !

Véritable enjeu identitaire pour les adolescents, le smartphone est toujours en main ou en poche, au grand désespoir des parents qui voient leur ado s’isoler, les yeux rivés sur leur écran : Mais que peut-il bien faire avec son « précieux » ? Une partie conséquente de la vie de l’ado semble se dérouler ailleurs, dans un immense espace dématérialisé qui met à l’épreuve toute tentative de contrôle parental. L’objet n’a de cesse de semer la discorde dans les familles.

Effrayés par nos ados « augmentés », nous traitons en ennemi leur prothèse. Ces cyborgs d’un nouveau genre nous font craindre la perte de l’humanité.

Pourtant, si le smartphone est souvent diabolisé, force est d’admettre que nous sommes tous ultra-connectés ! Il devient alors difficile de légitimer son autorité parentale en traitant les ados d’« addicts ».



Et si nous nous trompions en rejetant ce qu’ils considèrent comme une part d’eux-mêmes ? Si nous les écoutions parler de ce que cela représente pour eux, de ce qu’ils consultent et peut-être même de ce qu’ils créent via cet outil … N’y gagnerait-on pas un levier thérapeutique supplémentaire ?



Faire du smartphone l’objet d’une médiation, c’était notre pari. En 2021, dans le Centre Médico-psychologique où je travaillais, nous avons proposé un groupe de parole « Smartphone » pour des jeunes de classes collège. Le cadre comprenait les règles de base du groupe : confiance, respect, confidentialité… Mais les jeunes pouvaient venir avec leur téléphone.



Après une année de test … Oh surprise ! Les adolescents ne profitent pas de ce temps pour abuser de leur écran au service de l’évitement relationnel … Bien au contraire.

Auparavant fermés à toute proposition de soin, ils se montrent surpris et curieux. Ils viennent avant tout chercher un dialogue, un lieu d’écoute où poser les questions qu’ils n’oseraient poser qu’anonymement sur un forum de discussion numérique.

A travers leur usage du smartphone, ils nous font part de leurs intérêts, de leurs rencontres et de leurs relations, mais également de l’actualité, de questions plus profondes sur l’identité, l’amitié, l’amour et la sexualité.

Le groupe permet de favoriser les potentialités de l’outil numérique et de prévenir des mésusages. Mais il devient aussi et surtout cet espace où il est possible de partager ses expériences, de confier ses vulnérabilités de créer du lien ...



Bien que nous n’ayons pas réussi à intégrer le smartphone comme une médiation à part entière, nous considérons notre expérience réussie :

Les ados n’ont pas leur langue dans leur poche, seulement leur téléphone. Et le jeune n’est plus seul face à l’écran.



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